Un peu comme sur le blog qui avait le même titre

Des principes de cette newsletter et de ce que vous y trouverez, histoire de vérifier si ça vous intéresse.

Remarques & Cie
3 min ⋅ 02/11/2025

Situation initiale

De 2003 à 2011, sur mon site j’ai tenu un blog où je racontais mes aventures. Ce que j’avais lu, ce que j’écrivais, ce que j’avais vu, ce que je préparais, ce que j’écoutais, ce que j’avais fait. Enfin, quand ça valait le coup. On n’y trouvait aucun raton laveur, mais des fragments de textes en cours, des extraits de publications à venir, quelques remarques sur les us et coutumes de la République bananière des Lettres, aussi.

Pour parler de ce que je fabrique et de ce que j’ai repéré, il semblerait que la newsletter soit au fond son équivalent. Pacôme Thiellement a créé la sienne après avoir quitté les réseaux sociaux, Hugues Jallon a lancé sa lettre en parallèle de son dernier livre Le temps des salauds. C’est lui qui m’a soufflé l’idée de m’y mettre. Depuis quelques mois, faire défiler les posts de mon fil Facebook me donne la sensation de feuilleter le magazine Notre Temps version Le Gorafi. Trop d’années à subir des photos d’enfants moches et de gratins panais / potimarron rôtis à l’huile de courge. Instagram, c’est pas mieux, j’ai du mal depuis le début. C’est compliqué pour le texte et on ne peut pas mettre de lien, le principe me soule tellement, je n’y vais que pour poster et poser chemin faisant une pincée de petits cœurs, je ne suis abonnée en retour qu’à très peu de comptes, #flemme.

Je crois bien que je n’utiliserai plus les RS que pour annoncer mes dates de rencontres et mettre des photos de Perdition et de moi-même, parce qu’avec Aude Boyer on a prévu de se faire des séances rigolotes. Sur Insta, ce sera le minimum syndical. De toute façon je n’ai jamais été capable de créer une story toute seule, le cœur noir et la chauve-souris ne peuvent pas être mis en favoris, je déteste écrire sur mon téléphone et je poste tout de mon pc, telle une vieillarde inadaptée qui regrette les chats IRC et le bruit que faisait le modem. Donc bon, bah hop, la newsletter. Elle sera sur Kessel plutôt que sur Substak, parce que c’est une plateforme française avec des vrais gens qui répondent quand ça bugge, et qu’accessoirement elle n’héberge pas des publications néonazies en mode liberté d’expression j’écris ton nom y compris en lettrage gothique.

Dans une série, ce serait l’arène

Cette newsletter parlera de littérature, de poésie, et de ce que je vois de ma fenêtre. Autofiction et vieilles parcelles, l’édition, il était une fois. Le pays où j’habite, un territoire hors sol, géographiquement situé en France, mais dans une dimension parallèle : l’irréductible République bananière des Lettres. Saint Germain des Prés est bien mort, son pape parfaitement enterré ; le secteur économique se crashe ; la peste brune dévore et s’accapare les terres ; le lectorat disparait, distrait par les écrans, le budget livres amputé par l’inflation de tout le reste.

Pour autant, le folklore, les mœurs et les pratiques de la RBDL demeurent immuables, préservés dans une bulle, protégé par un globe d’un verre si résistant, à croire que la silice ou la chaux le composant ont été enchantées. Une sorte de bouclier magique qui s’appelle la barrière sociale. Pour rompre le sortilège, on ne peut s’en remettre qu’à l’alchimie du Verbe, mais une fois sous le globe, sachez que rien n’est gagné et que sur l’hippodrome il faudra galoper.

La République bananière des Lettres, c’est un trou d’envergure où chante toujours naguère, tandis que moult auteurices d’ici peu auront froid et deux trous rouges au côté droit. Mis à part pour celleux qui choisiront la corde. 484 livres dont combien de sacrifiés sur l’autel de la rentrée littéraire, ne détournons pas les yeux, on voit des corps tomber. Ce qui est le plus étrange, c’est que je me suis habituée. Mais bon, il y a des victoires qui compensent la cruauté de la course d’obstacles : Laura Vazquez est lauréate du Prix Décembre 2025 pour son fabuleux roman Les forces publié aux Editions du Sous-sol.

Parmi mes autres titres favoris de cette rentrée, il a Laure de Kevin Orr, un roman dont j’ai beaucoup aimé la sensibilité, le phrasé et l’originalité de la construction. Des souvenirs brisés, des fantômes familiaux saisis sous des angles étonnants, et cette amoureuse morte qui m’a serré le cœur. Le livre est publié au Seuil, dans la collection Fiction & Cie. Vous devez aussi absolument lire Qui tombe des étoiles de Julien d’Abrigeon, au Quartanier. Ce sont des histoires de chute, au sens propre et au figuré, avec sens de la musicalité et de l’humour high level. Des histoires vraies, documentées, qui tracent toutes la même courbe, mais de mille façon différentes, parce qu’avec Julien d’Abrigeon Il y a la poésie.

Demandez le programme

Cette semaine, un tas de trucs : lundi 3 novembre, 19h, soirée de lancement du collectif Nullipares, et alors? que j’ai coordonné pour la collection Points féminismes au Pavillon des Canaux - mercredi 5, 19h, Maison de la Poésie avec le poète Julien Blaine - jeudi 6, 19h, rencontre à la librairie Ombres Blanches à Toulouse -vendredi 7, 19h, rencontre à la librairie La Petite Egypte autour de la sortie de Par 64 fois j’y ai cru aux éditions de L’Ogre - Samedi, 11h30, musée de la Cité de la musique, lecture musicale de Ils appellent ça l’amour avec le musicien Benoist Esté pour les 24h de Libé.

à bientôt

chloé

En librairie

Remarques & Cie

Par Chloé Delaume

Chloé Delaume pratique l’écriture sous de multiples formes et supports depuis la fin des années 90. Elle a publié une trentaine de livres, sorti deux albums, présenté des tas de performances, réalisé un court métrage et clip. Citoyenne de la République bananière des Lettres, elle est lauréate du Prix Décembre 2001, du Prix Médicis 2020, a été pensionnaire à la Villa Médicis en 2010-2011, mais tait qu’elle est chevalière des Arts et des Lettres depuis que c’est aussi le cas de Francky Vincent. Dommage, ça faisait chic auprès de ses anciens camarades du lycée de Sartrouville.

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