D'un appel imminent à l'envoi de vidéo-poèmes et d'une chanson de Michèle Torr parodiée.
Dans ma maison sur terre
Je rentre de la Maison de la Poésie où j’ai lu aux côtés de Julien Blaine pour ses « adieux à la perf ». Il a 83 ans et c’était émouvant de le voir faire une dernière fois souffler dans une grande corne de vache. Je l’ai vu performer bien avant d’être publiée, il m’a toujours beaucoup fait rire, et en même temps ce qu’il fait avec le langage, c’est pas rien. Vous trouvez plein d’archives de son travail sur internet, y compris le film où il je jette du haut des marches de la gare Saint Charles pour en dévaler l’escalier. Il est Marseillais.
Des archives de performances et lectures, il va m’en falloir bientôt, je vais devoir contacter l’IMEC. Je vais en avoir besoin pour un rendez-vous mensuel à partir de janvier à la Maison de la Poésie. Un dimanche par mois à 18h, comme du temps de chez Mona. Ce sera une bulle poétique d’une heure, avec trois auteurices en voix nue, des poèmes divers que je lirai et des archives. Comme ça on pourra voir et entendre des fantômes comme des vivants. Je vais aussi tenter une expérience : faire un appel à vidéo-poèmes, histoire de voir ce qui en sort. J’ai vraiment hâte, je vous en dirai plus bientôt.
Où mourir après le spectacle ?
La course sur l’hippodrome s’achève, les écuries représentées sur le podium appartiennent toutes à Gallimard. Qui n’est pas citoyen de la République bananière des Lettres pourrait s’en émouvoir, à l’instar de Perdition, ma siamoise, qui après l’annonce du Prix Médicis à Emmanuel Carrère casaque POL a miaulé Mais personne ne dit rien ? Ce à quoi je n’ai pu répondre que J’ai du Sheba au thon, dans la mesure ou quand bien même ce serait dit, ça n’intéresse personne et à ce compte là le Prix Flore revient à Bolloré.
Le podium, ça, c’est fait. Mais la RBDL n’est que folklore et rituels, et après les médailles voici venue l’heure de la Foire du Livre de Brive. 43 années qu’elle existe. Si jamais je suis damnée, mon supplice éternel se résume en deux options : me retrouver en août 1969 à Woodstock ou de nos jours à la Foire du Livre de Brive. Avec quelques amis qui travaillent dans l’édition, nous nous amusions il y a une quinzaine d’années à écrire et chanter des parodies mettant en scène la République bananière des Lettres. En fouillant j’ai retrouvé le canevas de cette reprise, que j’ai dû grave retoucher vu que les paroles étaient truffées de noms propres.
Cette blague est une marque de soutien à tous les membres des services presse & relations librairies qui bien que n’ayant rien fait de mal, douillent en toute première ligne.
NB : Après avoir perdu deux plombes à vainement réduire l’espace entre les lignes, je lâche l’affaire. Je suis à Toulouse pour Ombres Blanches demain, à la Petite Egypte vendredi et au 24h de Libé samedi, je dois dormir. Déso pour la mise en forme nulle.
Les paroles vont sur l’air de Emmène moi danser ce soir de Michèle Torr.
Aujourd’hui ça fait six ans que tu m’as publiée
Tu m’as obtenu d’beaux papiers, je sais
Et depuis ce contrat que nous avons signé
Mes ventes n’ont cessé d’augmenter
Mais ce soir j’ai envie de monter dans ce TGV
Je renierai Manosque pour pouvoir y aller
Le foie gras chaud, les stars, les dédicaces, l’ karaoké
Livres Hebdo et même la télé
Emmène-moi à Brive ce soir
Au Cardinal où y a toujours à boire
Fais-moi le slow de ce célèbre roman
Sur ce parquet rayé par tant de dents
Emmène-moi à Brive ce soir
Laisse-moi toucher à mon quart d’heure gloire
Timidement, dis-moi : les lecteurs t’aiment
Éditorialement je ne suis plus la même
Il n’y a plus que GFK et les bandeaux qui comptent pour toi
Et j’ai l’impression que tu ne vois plus en moi un investissement
Je ne te demande pas de m’décrocher le Goncourt
Mais de me faire, pour une fois, entrer dans la cour
Et ce soir me voilà sous le grand chapiteau bondé
Où dans ma robe de moire j’attends au stand 30B
Le foie gras chaud, les stars, les dédicaces, l’ karaoké
On voit ma nuque à la télé
J’ suis allée à Brive hier soir
Au Cardinal, perdue dans le mouroir
Sur un vieux slip j’ai vomi mon vin blanc
Tu as trouvé que c’était un peu gênant
J’suis allée à Brive hier soir
J’ai rien signé et maintenant j’ai l’cafard
Narcissiquement j’ai chopé la gangrène
Statistiquement j’y retourn’rai quand même
à bientôt
chloé